Concert commenté / Solo

J’ai tenu à construire une histoire autour de mon instrument préféré, autour d’un instrument peu ou probablement trop connu.

Une histoire comme celle que j’ai pu raconter à Radio France lors de mes émissions ou nuit thématiques (Nuit de l’accordéon, Des Vagues et des lames ou Ballade sur la voix nacrée sur France Musique)

Enfin une histoire comme celle de ses débuts en 1829 dans l’aristocratie européenne en évoquant ainsi les transcriptions que les jeunes gens de bonne famille (du Duc d’Aumale en passant par la Princesse Eugénie) et qui avaient plaisir à jouer sur un jeune et petit accordéon fait de bois rares et précieux. Des précisions baroques de François Couperin (1668-1733) qui, lui, n’a pas connu l’accordéon  peuvent se dégager la mélancolie et la nonchalance qui caractériseront l’accordéon depuis sa naissance.

Les improvisations que je propose lors de mes récitals sont aussi  une manière de renouer avec les différentes essences musicales mais aussi avec les sonorités étonnantes d’un instrument constamment en développement, et puis, souvent dès sa naissance, une œuvre commence par une séance d’improvisation entre l’interprète et le compositeur afin que celui-ci puisse se donner une image sonore de l’instrument…

En passant par les élans virtuoses de Bruno Mantovani (8’20 chrono), affluent des imaginaires, des sonorités étonnantes, celle d’une musique contemporaine plurielle, comme à l’opposé, ces effets de sons dits « saturés » de Franck Bedrossian (Bossa Nova) nous invitant à vibrer au cœur même de l’accordéon.

À son écoute dans les années quatre-vingt, le norvégien et grande figure emblématique de l’électronique scandinave Arne Nordheim a marqué et déterminé  mon chemin vers la musique d’aujourd’hui. Je lui rends hommage tout comme à mon professeur danois Mogens Ellegaard trop vite disparu (il joue sur la bande) m’invite à dialoguer avec lui. Je pense à lui dès que j’entame Dinosauros (1970) mais aussi lorsque je regarde le pionnier qu’il a été dans l’élaboration d’un répertoire contemporain pour accordéon.

C’est aussi avec naturel et curiosité que j’ai « donné » quelques sons à la berlinoise Inge Morgenroth pour qu’elle réalise en 1999 la bande qui « accompagne » son Dear Kokon (anagramme de « akkordéon » en allemand) tel un accordéon recyclé en perpétuel et répétitif mouvement. Je pourrai bien évidemment choisir Luciano Berio ou encore Mauricio Kagel et Sofia Gubaïdulina, illustres compositeurs qui ont offerts de magnifiques pages.

L’Argentine et son héros national Astor Piazzolla couvre aussi un pan de l’histoire de notre instrument bien que le maître composa plus souvent pour son cousin le bandonéon. Le compositeur-poète-écrivain-metteur en scène et agitateur Jacques Rebotier sera la surprise ludique de cette fin de récital – un récital et un retour en France après un parcours européen

Ce concert commenté, ce récital est juste une proposition de répertoire autour d’un concert commenté ou non, le voyage qu’il nous procure est le plus important – ça peut être lunaire, virtuose, sensationnel (avec électroniques par exemple), je peux aussi rentrer au cœur même de l’instrument comme a su le faire le compositeur Philippe Hurel dans Le Plein jeu, pièce mixte pour accordéon et électronique, qu’il m’a écrite en 2010, tout simplement puissant, poétique et lunaire ! puis il y a d’autres œuvres que je continue à défendre, celles de mon fidèle compositeur Bernard Cavanna (dont après les nominations aux Victoires de la Musique Classique, son Concerto pour accordéon Karl Koop Konzert concourt pour le Grand Prix des Lycéens en 2012), celles aussi des saisons qui se suivent jusqu’à aujourd’hui (Yann Robin, Pierre Jodlowsky, Claire-Mélanie Sinnhuber, Edith Canat de Chizy, Raphaël Cendo, Bruno Mantovani, Mikel Urquiza, Andy Emler,Philippe Schoeller, Victor Ibarra)…

Pascal Contet